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Note de conjoncuture sur le Sénégal juin 2023

Dal Senegal MARIAMA BADJI

Au Sénégal et depuis le début de cette année 2023, le moins que l’on puisse dire est que laconjoncture est tout de même confuse, pour ne pas dire difficile. En effet, déjà que dans lagrande majorité du territoire national, l’hivernage semble tarder à s’installer en plus duretard avéré pour la mise en place des intrants agricoles, les conditions de vie de lapopulation continuent de se détériorer. Au plan alimentaire, la malnutrition et la faim sontdes réalités très palpables dans différentes zones du pays.En effet, outre le renchérissement des prix des denrées de première nécessité qui affecte lavie des ménages, hante les nuits des responsables de famille et étouffe le quotidien desfemmes, les liens sociaux se voient perturbés par un réflexe individuel de survie à tout prix,notamment dans les centres urbains.Pendant ce temps, les couches rurales, qui ont épuisé leurs réserves, restent préoccupées parl’absence de nourriture pour le bétail, avec l’asséchement des points d’eau et l’absence depâturages, dans un contexte de fortes températures, démontrant nettement des effets duchangement climatique.

Dans divers domaines, le mouvement revendicatif prend de l’ampleur, portant sur l’exigenced’appliquer des accords signés, généralement pour la valorisation des statuts et/oul’amélioration des rémunérations. Il en est ainsi, d’intensité variable, dans la santé,l’éducation, la justice, les finances, provoquant, de temps à autre, des perturbations etdysfonctionnements dans la fourniture du service public.Ces divers défis ont installé une morosité sociale ambiante notoire. A cela, est venu segreffer l’impact du jeu des acteurs politiques, de la majorité gouvernante comme del’opposition, à près de six mois de la prochaine élection présidentielle prévue au mois defévrier 2024. A cet effet, le pays vit l’heure de règlements de compte sur fonds d’affairesdites politico-judiciaires qui retiennent l’attention de toute l’opinion nationale, voireafricaine et internationale. Cette situation a généré, comme en 2021, des manifestations ponctuées par des scènes de violences, des saccages de biens publics et privés (bâtimentssymboles de l’Etat, universités, banques, grandes surfaces, magasins, essencerie,domiciles…) en plus des morts, rien que des jeunes.

Ces événements ont installé devéritables scènes de guérilla et de face à face entre manifestants et forces de défense et desécurité. Entre ces deux parties, la confiance paraitrait bien affectée.Du côté des régulateurs sociaux, dont les chefs religieux, des actes ont été posés mais ilprévaut un flou total sur ce qui a pu être fait et les effets réels. Le sentiment général resteque, en dépit de l’absence de mouvements de violence, l’apaisement s’avère précaire et toutpourrait arriver. D’autant que les nombreux arrestations et emprisonnements de jeunes,d’intellectuels, de journalistes et chroniqueurs ainsi que les menaces sur la libertéd’expression, constituent des éléments sources, à tout moment, d’une autre possibleexplosion sociale.Il convient aussi de noter que l’actuelle session de dialogue politique initiée par le pouvoir,ne bénéficie pas d’une large adhésion ; elle a été boycottée par les radicaux de l’opposition.

Aujourd’hui, le décompte estimatif des dégâts causés représente un indicateur pertinent surl’ampleur de ces manifestations et, pour le moment, rien ne semble encore joué et le pays estdans l’expectative ; s’en sortira-t-il ? Si oui, quand ? On croise les doigts !

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